" Les autogreffes de tissu graisseux ont largement prouvé leur efficacité et leur innocuité au niveau de toutes les régions du corps, avec un double effet remarquable de comblement et d'amélioration de la trophicité des tissus injectés.
Toutefois, au niveau de la glande mammaire, et à ce niveau seulement, les données scientifiques acquises sont actuellement insuffisantes en ce qui concerne les éventuelles intéractions du tissu graisseux injecté avec la glande mammaire.
Dans l'attente de données complémentaires, la SOF. CPRE ne cautionne pas l'injection de tissu graisseux autologue dans la glande mammaire en dehors du cadre de protocoles de recherche clinique, comportant en particulier un suivi des patientes à moyen et à long terme."
Pour information
Pr Marc REVOL
Secrétaire Général de la SOF. CPRE
Pour répondre à la demande d’explication de plusieurs d’entre nous, la très récente recommandation de la SOFCPRE concernant les autogreffes de tissu graisseux dans le sein signifie très clairement qu’ il ne faut pas en faire jusqu’à plus ample information, c’est à dire tant qu’on n’aura pas prouvé de façon indiscutable l’absence d’effet carcinogène des adipocytes sur la glande mammaire . Cela ne relève pas de l’application frileuse du détestable “principe de précaution”, mais bien d’arguments scientifiques véritables que chacun peut très facilement retrouver sur Medline.
www.medline.com
Certes, nous espérons tous ardemment que ces craintes ne soient pas fondées. Mais la preuve d’absence d’effet carcinogène ne peut être apportée scientifiquement que par de véritables études de cancérologie puissantes, donc multicentriques à l’échelle nationale, et lourdes, contraignantes sur le plan du recueil des données. Une information loyale concernant les incertitudes en question doit en particulier être fournie aux patientes susceptibles d’être incluses dans ces études.
En dehors de ces protocoles, et jusqu’à plus ample information, les reinjections éventuelles de tissu graisseux dans le sein, qui ne sont évidemment pas interdites, ne pourront toutefois être faites que sous l’entière responsabilité des opérateurs. Or les risques médico-légaux sont majeurs car, même en matière de reconstruction mammaire, il ne s’agit pour les juges que d’interventions facultatives, non vitales, donc à visée “esthétique”! Le texte juridique ci- joint, relatif aux données acquises de la science, est édifiant à cet égard. Il a été écrit par Jacques Saboye, qui m’a très aimablement autorisé à vous en faire part avant de le soumettre pour publication aux Annales.
En conclusion, il existe actuellement encore des incertitudes scientifiques qui, pour des raisons déontologiques et juridiques, sont suffisamment fortes pour justifier le conseil d’une extrême prudence. Bien entendu, ces recommandations ne s’appliquent pas aux cas de reconstruction après mastectomie totale type Patey, puisque la glande mammaire n’y existe plus, ni aux malformations comportant une aplasie complète du sein, puisque la glande mammaire n’y existe pas.
Marc Revol, 8 janvier 2008